Dès 1915, les attaques chimiques à grande échelle sont utilisées par les Allemands et les alliés au cours de cette guerre de position où les gaz peuvent s'infiltrer dans les tranchées.
En juillet 1917, les Allemands emploient un gaz qui se révèle être très efficace , le gaz moutarde. Il est utilisé près de la ville d'Ypres, d'où son nom donné par les Français "d'ypérite". C'est un liquide huileux jaune avec une odeur d'ail ou de moutarde. Il est dispersé en ouvrant des bidons le contenant, mais les conditions météorologiques (le vent doit souffler dans le " bon " sens, le froid réduit les effets) ne sont pas toujours favorables. Il peut être aussi chargé dans des obus.
Deux chimistes français proposent une nouvelle synthèse du gaz par barbotage de l'éthylène dans le chlorure de souffre qui donne un procédé trente fois plus rapide que le procédé des Allemands.
Four à ypérite
Poudrerie de Bergerac zone ANS
En 1915, la guerre dure depuis un an, des "munitions" sont nécessaires. Un ingénieur militaire Henri Prangey est chargé de construire une fabrique de coton poudre susceptible de produire 60 tonnes de produit par jour. Or, tout le nord du territoire national est occupé. Il faut donc chercher à implanter des usines au sud de la Loire.
Un décision ministérielle de l'Armement prévoit le 1er novembre 1915 cette construction à Nantes, mais l'ingénieur ne se limite pas à cette ville, il visite onze emplacements possibles. C'est celui de Bergerac qui est choisi.
Dès la fin du mois de novembre, des crédits sont octroyés. La municipalité de Bergerac en est avisée le 4 décembre 1915. La construction peut commencer.
Le site de Bergerac est choisi en partie grâce l'influence politique d'Albert Claveille, alors Directeur des Chemins de Fer de l'Etat et Directeur général des Fabrications de l'Artillerie et des Munitions.
Né à Mouleydier le 1er janvier 1865, à quelques kilomètres de Bergerac (il a d’ailleurs été maire de cette commune) cet homme n'a pas oublié son pays natal. C'est lui qui a fait construire de 1905 à 1908 le barrage et l'usine de Tuilières sur la Dordogne.
A. Claveille réorganise tout le réseau du chemin de fer français pour l'acheminement de l'acier venu des Etats-Unis vers les usines métallurgiques en construction sur le territoire français pour produire canons et obus
Le 25 mai 1917, le projet de mise en oeuvre d'une unité d'oléum dont la cadence est fixée à 120 tonnes/jours est décidé sur le site de Bergerac.
A l'armistice les travaux sont arrêtés alors que la production d'oléum est de 60 tonnes/jour.
L'unité de Chlore
En août 1918, la construction d'une fabrique de chlore, destinée à alimenter la poudrerie d'Angoulême pour la fabrication de l'ypérite est entreprise au-delà de la partie Nord de l'usine d'oléum.
La production électrolytique est prévue de 20 tonnes/jour, liquéfiable ou transformable en chlorure de chaux. L'hydrogène produit devait être récupéré ainsi que la lessive de soude. Une installation de tétrachlorure de carbone a également fait l'objet d'une étude.
A l'armistice, les travaux sont arrêtés, aucun montage d'appareil n'a été réalisé alors que le début d'exploitation de l'unité est prévu pour janvier 1919.
Écrire commentaire