S comme St Julien de Crempse, les fusillés d'août et septembre 1944

La préfecture de la Dordogne a publié en 2014 le calendrier des 20 manifestations prévues pour le 70ème anniversaire de la Seconde Guerre Mondiale. Elles se répartissent sur tout le territoire du département et dans le temps : février (2), mars (3), avril (1), mai (3), juin (4), juillet (2) et août (5) et dans l’espace. Deux sites ont été retenus dans l’arrondissement de Bergerac : Mouleydier (21 juin 1944) et Saint-Julien-de-Crempse (9 août 1944)

Pour Saint-Julien-de-Crempse, Sylvain Le Bail a mené une enquête scrupuleuse. Le groupe " Regain ", commandé par Lucien Marcou, un instituteur, a installé son P.C. au lieu-dit Roumagère, au nord de Saint-Julien. Ce P.C. est connu des Allemands dès le 1er juillet 1944. Le 8 août, vers 21 heures, les résistants qui s’attendent à une attaque ont placé un groupe en embuscade sur la route de Pombonne.

Le lendemain, au petit matin, le P.C. de  " Regain " est encerclé par deux bataillons ennemis. Partis de Bergerac ils arrivent par le Grand Vignoble. 1800 hommes sont engagés pour réduire les 75 maquisards. Au cours de la bataille, 10 de ceux-ci sont tués.

Monument aux Morts de St-Julien-de-Crempse, le 9 août 2016. Le drapeau du Souvenir français parmi ceux des associations d’Anciens combattants.

 

Le Comité de Bergerac s’est associé en 2004 à la rénovation du monument de Saint-Julien et en 2007 à celui de la stèle de Mouleydier.


Le bourg de Saint-Julien-de-Crempse est investi et des hommes, sont arrêtés. « En fin d’après-midi, rapporte Sylvain Le Bail, les femmes du village voient les hommes alignés partir en direction du hameau de la Malvinie, tout proche du bourg. En chemin, Joseph Murat a, semble-t-il, compris le sort que les Allemands leur réservaient. Il tente de fuir. Mais les Allemands l’abattent aussitôt. Arrivés dans le hameau, les hommes sont séparés en deux groupes. Cinq jeunes à droite, les autres à gauche. Les hommes creusent leurs tombes. Puis les armes claquent. » Dix-sept civils sont exécutés.

 

Mais l’affaire ne s’arrête pas là…

 

Le 24 août 1944, à Castillon-la-Bataille, 82 soldats allemands d'une unité de transmissions se rendent à des maquisards. Emile Guet se souvient : " c’est moi qui les ai convoyés, le jour même, en camions à gazogène, à la caserne Davoust, à Bergerac. Je les ai remis à un groupe de FFI qui y était installé " puis il repart pour le front. Fin août, le Gouvernement provisoire du Général de Gaulle met en place des tribunaux pour juger légalement les affaires liées au conflit qui s’achève. Emile Guet, à son retour, apprend par des camarades que " des Allemands de la caserne Davoust ont été fusillés à Saint-Julien."On ne sait que peu de chose sur les faits : 17 soldats des transmissions de la Wehrmacht, sont extraits le 29 septembre 1944 de la cellule où ils attendaient leur jugement. Ce chiffre de 17 est le pendant morbide des 17 civils exécutés en août. Les prisonniers sont regroupés dans un champ prés de Saint-Julien et fusillés par des maquisards. De quel groupe ? Le temps et l’oubli ne permettront jamais de le savoir.

Le 4 novembre 2003, Emile Guet, 83 ans, qui n’a eu de cesse de donner à ces allemands une sépulture digne, assiste " soulagé " à l'opération d'exhumation menée le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK), service chargé de l'entretien des sépultures militaires allemandes. Ces corps ont ensuite été transférés au cimetière militaire allemand de Berneuil et inhumées le 16 novembre, journée nationale du deuil en Allemagne.

Le cimetière de Berneuil (Charente Martitime) où ont été inhumés les 17 soldats allemands.


Biblio : Sylvain Le Bail Le champ des martyrs, Saint-Julien-de-Crempse, 9 août 1944, Editions Le Chêne Vert, 2004. BorisThiolay Des morts qui refont surface   Magazine l’Express, 30 octobre 2003

 

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