I comme Indochine française (1858-1954)

L’Indochine englobe les territoires alors distincts du Cambodge, du Laos de la Cochinchine, de l’Annam et du Tonkin.

 

Les missionnaires catholiques arrivent au XVIIème siècle et en 1858, la France commence à s’installer. Elle grignote des territoires qu’elle contrôle par le biais de protectorats qui maintiennent les dynasties vietnamiennes ou khmères. C’est une entreprise économico-militaire menée en s’appuyant sur l’Armée, en particulier la Marine. Des soulèvements, insurrections, révoltes de toutes origines agitent sporadiquement la péninsule. La pacification est finalement atteinte en 1891. L’unification est ensuite obtenue grâce à une restructuration autant politique qu’économique. Le recrutement par l’Armée d’indigènes, les tirailleurs annamites, indochinois ou tonkinois se systématise dès 1900.

Les cinq ensembles composant l’Indochine


Lors de la Grande Guerre ces troupes s’engagent aux côtés des Français, tandis que les usines, comme la poudrerie de Bergerac, font appel à leur main-d’œuvre. Au début du XXème siècle le phénomène endémique des insurrections éphémères réapparaît avec les élites nationalistes. Ho Chi Minh, franc-maçon, membre de la SFIO, adhère au Parti Communiste lors du Congrès de Tours en 1920. Des mots d’ordre de soulèvement sont lancés, mais la puissance coloniale réagit fermement. Après le krach de 1929, l’économie s’écroule provoquant de vives tensions sociales, opposant réformistes et indépendantistes.

Bergerac, cimetière Beauferrier.

Monument aux indochinois morts   au service de la France

(© Souvenir Français Bergerac)

La seconde guerre mondiale fait craindre une invasion japonaise, mais le rapprochement entre le maréchal Pétain et les puissances de l’axe écarte cette menace. Le territoire reste fidèle au régime de Vichy. En mars 1945, le Japon, pressentant un débarquement allié, envahit le territoire et décapite l’administration française.

 Le 3 octobre 1945, le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient débarque. La France trouve le Viêt-Min, d’inspiration communiste, solidement implanté. En 1946, les français reprennent lentement la situation en main au Cambodge (janvier), en Cochinchine (février) et au Laos (avril). Le Cambodge et le Laos deviennent des monarchies constitutionnelle tandis que Ho Chi Minh entame de laborieuses discussions sur le futur politique d’un Viet Nam regroupant la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin.


Un coup d’état fomenté par le général Giap échoue début 1947 à Hanoï. Le Viet Minh prend le maquis. C’est le début de la Guerre d’Indochine. La victoire de Mao Tse Tung, en Chine offre à Ho Chi Minh un allié important qui entraîne tout le bloc soviétique. La guerre d’Indochine n’est plus seulement une guerre de décolonisation. Elle s’inscrit dans la Guerre Froide, chaque camp recevant du matériel de la Chine ou des USA. En septembre 1950, les français perdent Cao Bang et Lang Son. C’est le désastre de l’évacuation par la route coloniale 4 (RC 4) avec 2 000 morts et 3 000 prisonniers.

La France dispose alors d’un corps expéditionnaire. La Légion étrangère engage 72 833 légionnaires qui payent un très lourd tribut : de 1946 à 1954, avec plus de 10 000 morts, ils enregistrent près de 12 % de pertes. La Marine se lance dans la sécurisation du delta du Mékong. Les Divisions NAvales d’ASSAUT (DINASSAUT) traquent le vietminh à bord de vedettes blindées. L’Armée de l’Air intervient aussi. La 91ème escadre de bombardement Gascogne renaît en Indochine en 1951 et opère au Tonkin et dans la région de Haïphong. Elle termine la campagne d'Indochine à Dien Bien Phu en 1954, après avoir effectué 21.000 heures de vol, perdu neuf équipages.

 

 


Le 8 juin 2017, à Cause-de-Clérans (24) à l’occasion de la journée de l’Indochine, le Maître Principal Couleaud Jean a reçu la Médaille militaire des mains du DMD 24, le colonel Dartencet.

 

A gauche, son bâtiment, le LCI 201 sur lequel il servait en 1950.

 

 

L’arrivée du général de Lattre change un temps la mise avec la vietnamisation des forces armées. Mais cette guerre d’usure épuise les troupes françaises. Malgré des victoire brillantes (Na San en 1952), il est évident que le déséquilibre des forces se creuse entre, d’une part, le soutien total du bloc communiste et, d’autre part, l’aide comptée, non exempte d’arrière pensée, des USA.

 

En métropole, les crises politiques de la 4ème République auxquelles s’ajoutent les problème financiers incitent à trouver une sortie au bourbier indochinois. Ainsi débutent fin avril 1954 les accords de Genève. Le 7 mai, le camp retranché de Dien Bien Phu se rend malgré la résistance héroïque des paras coloniaux français. Le 20 juillet, les accords de cessez le feu sont signés.

C’est la fin de presque un siècle de présence française au Cambodge, au Laos et au Viet-Nam, désormais coupé en deux. Battue sur le terrain malgré ses sacrifices (voir les films de Pierre Schoendoerffer  La 317ème section ou Dien Bien Phu  ), avec plus de 20 000 prisonniers ou disparus, l’Armée française vit avec amertume la perte de l’ "Indo".

 

Insigne de l'ANAI, Anciens d'Indochine


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